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2016 02 Bulle 29 J 5Une bulle d’indulgence en faveur des Pénitents Blancs

de Saint-Flour (1613)

 

Orné de décors floraux, scellé d’un sceau de plomb appelé « bulle », couvert d’une écriture régulière, ce document interpelle par son caractère majestueux. Il s’agit en effet d’une bulle papale, l’acte le plus solennel de la chancellerie pontificale.

 

Si l’on regarde plus attentivement les fioritures en haut du parchemin, l’on s’apercevra qu’elles forment des lettres : PAULUS tout d’abord, c’est-à-dire Paul, puis les initiales des mots suivants, episcopus Servus Servorum dei… (évêque, serviteur des serviteurs de Dieu etc.). Cette première phrase, la suscription, est caractéristique de toutes les bulles. Elle commence par le nom du pape, ici Paul V. Ecrite sur parchemin, la bulle tire son nom de son sceau de plomb rond représentant d’un côté les apôtres Pierre et Paul, de l’autre le nom du pape, et scellé sur lacs de soie rouge et jaune. Celle que nous avons sous les yeux date du 1er novembre 1613 et est adressée à la confrérie des Pénitents Blancs de Saint-Flour, fondée quinze ans auparavant.

 

2016 02 Detail 29 J 5Contrairement aux ordres religieux, les confréries de pénitents regroupent des laïcs. Celle des Pénitents Blancs de Saint-Flour est mixte. Les confrères ne prononcent pas de vœux, leur engagement est donc réversible. Revêtus d’une simple robe de drap blanc nouée à la taille par une cordelière à glands, et coiffés d’une cagoule en pointe, les Pénitents Blancs interpellent par leur accoutrement et marquent les esprits. Cette tenue vestimentaire est justifiée par une volonté de placer l’ensemble des confrères sur un pied d’égalité, quelle que soit leur origine sociale, et de leur rappeler leur humilité face à Dieu. Mais il faut ajouter à cela le choc que provoque la vue d’une centaine de Pénitents en procession, l’émotion qui incitera le simple pécheur à se tourner vers Dieu. C’est en effet l’une des vocations des Pénitents Blancs, que l’on peut regrouper plus généralement sous le titre de bonnes œuvres : solidarité entre confrères, charité envers tous et exaltation de la religion catholique face à l’hérésie.

 

Malgré la somptuosité du document, cette bulle n’est pas à proprement parler un acte de fondation, ni même un acte de reconnaissance même si, en l’absence d’un tel document, les Pénitents Blancs l’exhiberont comme tel. Il s’agit d’une bulle d’indulgence, destinée à encourager les pratiques pieuses des confrères. Le pape Paul V promet ainsi des récompenses calculées en fonction des bonnes actions réalisées. Pour commencer, rémission pleine et entière de tous les péchés est donnée aux fidèles ayant reçu la communion le jour de leur entrée dans la confrérie, ainsi qu’aux confrères à l’article de la mort s’ils chantent dans leur cœur le nom de Jésus, et à ceux qui seront restés dans l’église de leur confrérie le jour de l’Annonciation (le 25 mars) des premières vêpres jusqu’au coucher du soleil, en priant contre l’hérésie, pour la paix au sein de l’Eglise et, ne l’oublions pas, pour le salut du Saint-Père.

 

Ceux qui auront pareillement communié et prié aux fêtes de Noël, de l’Immaculée Conception (8 décembre), de la Purification (2 février) et de l’Assomption recevront une indulgence de sept ans et de sept quarantaines (280 jours). Enfin, la plupart des actions dans lesquelles s’illustre la confrérie permettent d’obtenir soixante jours d’indulgence pour soi ou un tiers : participer à un office divin dans l’église de la confrérie, suivre une procession, apporter l’hostie consacrée à un malade, instruire les ignorants de la Vérité de Dieu et ramener les brebis égarées dans le droit chemin…

 

Etablie à l’entrée du couvent des Frères Prêcheurs, la chapelle des Pénitents Blancs donnait sur l’actuelle place des Mets. Si l’immeuble laisse encore voir deux fenêtres de style roman, le clocher a quant à lui été rasé. La confrérie sera très active aux XVIIe et XVIIIe siècles, connaissant même quelques heurts de préséance avec la confrérie des Pénitents Noirs, avant d’être supprimée par un décret de l’Assemblée nationale législative le 18 août 1792. Elle réapparaîtra cependant dès la Restauration et perdurera jusque dans les années 1880.

 

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