machado

 

L’an dernier, dans cette même rubrique, nous souhaitions vous faire partager notre enthousiasme pour Jean-Marie Machado et sa bande d’inspirés (voir : «Cédric aime ou n’aime pas», rubrique Phonos du 2 avril 2008).

 

 Pour l’édition 2009 de son beau festival «ça jazz en ville», le théâtre d’Aurillac a décidé de donner «carte blanche à Jean-Marie Machado», avec la complicité bienveillante du Conservatoire de la ville (une sorte de résidence, donc).

 

L’homme est donc revenu ! Et nous aussi !...ou plutôt...nous n’en sommes pas encore revenus.

 

En trio cette fois-ci, l’artiste (au piano comme toujours), assisté pour l’occasion de ses vieux complices Jean-Philippe Viret à la contrebasse et Jacques Mahieux à la batterie, a investi les territoires à la frontière (mouvante) du jazz et de la musique «classique». La séance offerte samedi 7 mars au théâtre fut – à cet égard – exemplaire. Cette soirée comprenait 3 temps successifs : débutant par la présentation d’un travail mené avec le choeur d’enfants du Conservatoire, sous la direction d’Anne Launois et sur des compositions de Machado, elle enchaînait avec le trio, seul sur scène, pour quelques extraits de l’album «Soeurs de sang», pour se conclure par un moment baptisé «Impressions», durant lequel Machado et ses musiciens dialoguaient avec un ensemble instrumental du Conservatoire, autour de compositions originales de l’artiste, et de pièces de Debussy ou de Ravel revisitées.

 

On y voyait dans le noir, tant l’atmosphère était éclairée : par l’exigence et la rigueur (eh oui, ça éclaire bien plus que les néons et les sunlights de la gloire!), par la foi partagée en ce pouvoir magique de la musique, par le respect et l’estime mutuels, et par la bienveillance attentive, courtoise mais vigilante du maître des lieux. On sentait tout cela, dans cette façon qu’avaient ces musiciens – manifestement heureux d’être ensemble - de bouger, de se déplacer, de croiser leurs regards, de souffler, de frapper, de gratter, bref d’exister. Et d’exister dignement, sans concession à la facilité ni à la démagogie ambiante, mais sans élitisme ni suffisance, soucieux avant tout de partager et de donner, de transmettre et d’émouvoir.

 

Machado et son trio, les enfants du choeur d’Anne Launois, les musiciens du Conservatoire dirigés par Patrice Couineau (avec en soliste l’émue – et donc émouvante - Christine Thibault aux saxophones) nous ont embellis d’une part de leur beauté, et enrichis d’une part de leur richesse. Merci, et revenez l’année prochaine.

 

A écouter : «Andaloucia», Jean-Marie Machado, éd. Le chant du monde, mars 2005.

 

Pour en savoir plus : http://www.jeanmariemachado.com/

 

Denis Llavori