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Pionniers du Doc : à la recherche du « cinéma du réel »

En inventant la caméra on crut enfin pouvoir témoigner du réel.
Hélas, le réel reste à jamais plus vaste que l’écran.
C’est pourquoi le « cinéma documentaire » ou « cinéma du réel » est resté un art subjectif, mais chacun continue d’espérer de lui une vérité, si non spontanément saisie, du moins déployée à nos regards sans excès de « mise en scène ». 

Dès les années 20 les œuvres de Flaherty rendent compte de ce dilemme de la spontanéité « vraie » au profit de la beauté de l’image…et de l’économie de pellicule ! Du moins persiste-t-il de splendides et émouvantes témoignages de peuples lointains…et les aprioris  généreux de celui qui les filma. 
Réel saisi sans doute pour les réalisateurs de « Grass » : Quelques temps après la première guerre mondiale, ces trois américains sont à la recherche de paysages pour un film de fiction. Dans leur périple, les voilà qui croisent la route de tribus nomades d’Asie mineure et font le choix de filmer cette immense et formidable transhumance de milliers de bêtes et de familles humaines.
Des familles humaines de son pays de Pierrefort le pharmacien cantalien Roger Besse aima rendre compte des tâches et suivre les visages, et cinquante ans après ces images rares nous étonnent et nous touchent.

Dans les années 60, les canadiens Michel Brault et Pierre Perrault sont les premiers à se saisir de la technique de prise de son directe, et cela affectera profondément la façon de filmer, car jusque le son des films était post-synchronisé et, pour le documentaire, le plus souvent accompagné d’une voix « off » didactique.
Jean Rouch, dans les années où la décolonisation commence à bouillonner, met en route sa caméra à l’écoute de ses amis africains, jouant très clairement, avec leur complicité, la carte de « l’ethnofiction ». Sa fantaisie et sa liberté de ton laisseront des traces.
Par la prise de son simultanée à la prise d’image, le « réel » semble rapprocher un peu plus, mais révèle en même temps combien la présence d’un « observateur cinéaste » agit sur lui.

 

Alors, peut-être est-ce en assumant pleinement cette présence que le cinéaste s’approchera le mieux de ma vérité qu’il cherche à dire ?  Présence militante, présence qui change le monde en le portant à l’image, ou échange et présence poétique ? A la suite de Joris Ivens et Henri Storck, Denis Gheebrant et Johann Van der  Keuken illustreront, chacun à leur façon, ce véritable art de la rencontre filmée.

 

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