Alejandro Jodorowsky Prullansky, dit « Jodo », est un artiste franco-chilien, né d’une famille juive d’origines russe et ukrainienne. Surtout connu comme scénariste de bande dessinée et réalisateur, il est également acteur, mime, romancier, essayiste, poète et auteur de performances au sein du groupe actionniste Panique, qu'il a créé avec Roland Topor et Fernando Arrabal. Au cinéma, il est l'auteur d'une poignée de films avec une forte symbolique spirituelle et syncrétique, et un aspect provocateur.
Les univers qu'il développe sont en général des univers de science-fiction, voire des mondes fantastiques. Ses histoires se caractérisent par la présence de nombreuses métaphores et symboles, auxquels il mêle souvent une dimension sociale.
Né le 17 février 1929 dans la petite ville de Tocopilla (Chili), son père voulait qu'il devienne médecin. Mais en 1953, il quitte le Chili pour Paris, et travaille avec le mime Marceau. Il met ensuite en scène Maurice Chevalier. Il assiste à des cours de Gaston Bachelard auprès duquel il étudie l'histoire de l'alchimie, à la suite de sa lecture des ouvrages de Carl Gustav Jung sur le même sujet. Il fréquente aussi les surréalistes. En 1962, il s'en sépare, et crée le groupe Panique avec Roland Topor et Fernando Arrabal. Installé au Mexique en 1965, il y fonde le théâtre d'avant-garde de Mexico avec son ami Arrabal. Il y monte des pièces de Samuel Beckett ou d'Eugène Ionesco. Il y tourne aussi trois films et étudie le zen.
Le théâtre fut pour Alejandro Jodorowsky une véritable école, tout comme la pantomime et les marionnettes. Il le pratiqua toute sa vie, en tant qu’acteur, auteur ou metteur en scène. Après l’expérience du Théâtre d’avant-garde de Mexico, c’est à Paris qu’il crée sa célèbre pièce l’Opéra panique. En 2008, c’est L’École des ventriloques pour la compagnie bruxelloise Point Zéro. En 2009, pour son fils Brontis qui en est l’acteur unique, il met en scène Le Gorille, un monologue inspiré de Franz Kafka.
La carrière cinématographique de Jodorowsky commence en 1957, avec La Cravate, un court-métrage muet où paraît Raymond Devos. Il réalise Fando et Lis, son premier long métrage, en 1967. Adaptation très personnelle d’une pièce son ami Fernando Arrabal, le film est projeté au festival d'Acapulco en 1968 provoque une émeute où Alejandro Jodorowsky faillit être lynché. Ce premier accueil annonce une carrière atypique.
La dimension mystique grandissante de son œuvre lui apporte une certaine renommée. Ainsi ses films « mexicains » : El Topo en 1970, sorte de western métaphysique, puis La Montagne sacrée en 1973 — très librement inspirée du Mont Analogue de René Daumal — vont devenir des films cultes. L'aura mystique unique d'El Topo attire tous les soirs à minuit des spectateurs fervents. Le bouche à oreille fonctionne tellement bien que des stars comme John Lennon ou Andy Warhol viennent voir le film à l'Elgin Theater.
En 1975, Jodorowsky commence à travailler l'adaptation du roman Dune de Frank Herbert. Le projet comportait la participation d’Orson Welles, les décors de Mœbius et d'H.R. Giger, et des musiques de Pink Floyd, Tangerine Dream et Magma. Salvador Dalí avait accepté de jouer le rôle de l’empereur. Affolés par l’ampleur du projet, les producteurs lâchent Jodorowsky. Cet échec magnifique et passionnant est l’objet du film de Frank Pavich « Jodorowsky’s Dune »
Après Tusk (1978) et l’échec de l’adaptation de Dune, Jodorowsky s'éloigne du cinéma, réservant sa créativité pour la bande dessinée. Il n’y reviendra qu’avec Santa Sangre (1989) et Le Voleur d'arc en ciel (1992) puis les deux autobiographies baroques que sont Danza de la realidad (2012) et Poesía sin fin (2016) qui lui permettent une nouvelle reconnaissance.
Déjà auteur de pièces, de poésies et de romans, Jodorowsky fait une première incursion dans la bande dessinée, en tant que scénariste, en 1966 avec Anibal, une saga illustrée par Moro. Mais c'est surtout dans les années 1980 que Jodorowsky s’engage véritablement dans ce genre, principalement la série L'Incal, dessinée par Mœbius, avec qui il avait travaillé sur l’ébauche de Dune. Associé au dessinateur Juan Giménez, il publie La Caste des Méta-Barons, vaste saga du même monde que L’Incal, où il donne libre cours à ses théories sur l’importance de la lignée, le rôle de la paternité et de l’union entre amants.
Une autre série célèbre, Les Technopères, en collaboration avec le dessinateur Zoran Janjetov, reprend et développe ses mythes personnels. Citons également les séries le Lama Blanc, racontant le parcours extraordinaire d'un enfant blanc réincarnation du Grand Lama ; Juan Solo, sorte de thriller où un jeune homme vit un parcours initiatique à travers la violence ; Le Monde d'Alef-Thau ou Mégalex avec le dessinateur Fred Beltran, tous combinant univers de fantasy baroque et quête spirituelle.
Jodorowsky est enfin connu pour sa pratique du tarot divinatoire, pour lequel il a une approche plus jungienne, psychologique ou « psychomagique » qu’occultiste ou ésotériste. De retour à Paris dans les années 1980, il anima quelques temps une réunion ouverte hebdomadaire, intitulée « Le Cabaret mystique », où il témoignait — dans l'esprit d’une agora ouverte à ses auditeurs — de thèmes touchant à l'éveil intérieur comme la pratique du zen, aux arts martiaux, à la tradition chilienne, à l'héritage spirituel de l’humanité, au massage, à la « sagesse des blagues », à la psychanalyse, à la pensée de Carlos Castañeda... Son travail autour du Tarot dit de Marseille se traduit par de nombreuses conférences depuis les années 1980, et plusieurs ouvrages avec Marianne Costa, ainsi qu’à la constitution d’un nouveau graphisme de jeu de cartes.
(d’après Wikipédia)