Ils étaient nombreux à s'être déplacés pour le vernissage de l'exposition "le Tour de France dans le Veinazès" organisée au musée du Veinazès.
Celle-ci bénéficiait de la présence de Louis Bergaud plus connu dans le milieu du cyclisme sous son pseudo de Lily dit " la Puce du Cantal ".
Le regard toujours vif, les jambes solides, le maintien d'un jeune homme, cet athlète, né en 1928 à Embrassac (Jaleyrac) reste un des derniers coureurs du peloton du Tour de France 1959. Cette année-là, la grande boucle entre pour la première fois dans le Cantal. Avec beaucoup de modestie, Lily raconte qu'il n'était alors, pas au mieux de sa forme et qu'il ne termina que 14e au classement général à Paris... cependant, cette performance déclenche les applaudissements du public.
Notre homme garde un souvenir très précis de l'étape Albi-Aurillac de 1959. Il avait, face à l'insouciance des organisateurs, des journalistes et des cyclistes qui considéraient cette première étape cantalienne comme une pure formalité, montré beaucoup de prudence en déclarant : " Il y a de méchantes côtes qui, la chaleur aidant, pourraient créer de sérieux écarts et modifier les positions actuelles du classement ".
Le soleil est, en effet, au rendez-vous lorsque le peloton quitte la vallée du Lot pour monter à l'assaut de la Châtaigneraie cantalienne. La côte de Vieillevie les attend ; côte inconnue qui provoque la grande bataille attendue que les Pyrénées n'ont pu lancer. Toutefois, plus qu'une bataille, c'est une terrible épreuve que les coureurs subissent. " Il fait un cagnard terrible, tellement chaud que le goudron fond et que les gars s'engluent dans le bitume. Les roues des voitures et des vélos projettent sur le visage et le corps des plaques brûlantes de goudron. Dans la côte, compte tenu de la difficulté, le décor du guet-apens est planté. La victime est Charly Gaul, vainqueur du Tour de France de l'année précédente. " Après cette côte " casse-patte ", quinze coureurs ne reprennent pas le départ !
Lily Bergaud lui, continue le tour et le termine. Grand coureur cycliste, il a participé à 7 tours de France et a remporté deux étapes. Sa carrière prit fin en 1962.
Cette exposition, au travers d'une riche documentation issue de la collection de Jean-Pierre Estabel, journaliste et spécialiste des courses cyclistes dans le Cantal, rend compte de cette terrible étape ainsi que de toutes celles qui ont traversé le Veinazès.
En attendant le passage de la Grande Boucle des 6 et 7 juillet prochains, Jean-Pierre Estabel rappelle que le Tour de France dans le Cantal a toujours été marqué de surprises, bonnes ou mauvaises. L'exposition au musée du Veinazès est un hommage à tous ces athlètes qui restent " des forçats de la route " comme le racontait déjà Albert Londres en 1924.
Musée du Veinazès - Lacaze - 15 120 Lacapelle del Fraisse - Tél. 04 71 62 56 93 / 04 71 49 25 81