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Comment rendre attractif le révulsif Boudin ? Une réussite publicitaire des Années folles.



Archives départementales

Le révulsif est produit pharmaceutique qui permet de retenir le sang sur une partie du corps (le plus souvent la peau) en provoquant une irritation locale. L’objectif est de faire cesser un état congestif. Les sinapismes, les frictions, les sangsues ont ces propriétés.
Le principe actif du révulsif Boudin était l’isothiocyanate d’allyle. Il s’appliquait au pinceau sur la zone à décongestionner, ce qui permet à la publicité de 1916, parue dans le Journal des instituteurs, de le préconiser pour toutes sortes d’affections.
Mais le savant à binocle, inquiétant et malicieux à la fois, laissa bientôt la place à une publicité plus «glamour» après la guerre.
Comment rendre attractif un révulsif, surtout quand il s’appelle Boudin ? Un publicitaire des Années folles eut l’idée de prendre le problème à l’envers. Le patient n’est pas un bronchiteux névralgique, mais une jolie femme coquette au teint rose et apparemment en parfaite santé; le médecin n’est pas un tortionnaire appliquant avec sadisme d’atroces sinapismes, mais un peintre appliqué; la femme n’est pas un modèle, mais le tableau elle-même (Boudin étant par ailleurs le nom d’un peintre normand mort en 1898 : même si son nom évoque plus les marines que les femmes dénudées, il est associé à l’idée de peinture).
On ne sait si la dame est décongestionnée; en revanche on imagine que le médecin ne doit guère l’être... Le «charme» de cette publicité ne réside évidemment pas dans la nudité, banale pour l’art académique des années 1920, mais dans la relation particulière du médecin et de sa patiente. L’objectif est de rendre érotique et transgressif (pour le patient comme pour l’applicateur) un médicament prosaïque et irritant.
Cette publicité «glamour», typique des Années folles, figure, avec d’autres papiers professionnels, dans les archives du docteur Louis de Ribier († 1936), déposées par ses petits-enfants aux Archives départementales du Cantal et en cours de classement.

Pour la 25e édition du Festival du théâtre de rue,
tous à vos pinceaux avec le révulsif Boudin :

Plus avantageux que Spencer Tunick (2,75 francs au lieu de 40.000 euros)
Plus sexy que S. Tunick (une jolie femme à peindre au lieu 200 boudins)
Plus original que S. Tunick (qui a déjà fait la même photographie 300 fois)
Plus trash que S. Tunick (qui ne «décongestionne pas les parties profondes»)

Le 20 août 2010, à Aurillac, éclatez-vous,
boudez Spencer le ringard, peignez Boudin sans tunique !

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