Travail, chômage, carrière, burn out, harcèlement, rôle syndical, obsession de reconnaissance sociale ou crainte du déclassement : plus que jamais le travail est au cœur des préoccupations : tendu, mouvant, déclassé, émietté, vidé de son sens, uberisé, normalisé, intensifié...
Déjà dans « les Temps modernes », Charlot courait après de terrifiants engrenages. Il est étonnant de voir, un demi-siècle après dans « la Salamandre », comment Tanner traite les jobs de Bulle Ogier : les temps ont changé, les individus pas tant que ça : toujours à la recherche d’un sens à leurs actes !
Au XXIème siècle, la raréfaction de l’emploi salarié en fait un objet de quête plus ou moins ubuesque (« Pôle Emploi, ne quittez pas ! »), ses transformations une source d’angoisse (« Rêver sous le capitalisme ») ou de conflit (« Merci Patron »). Numérisation, management soi-disant « scientifique » et compétition des individus (« La Règle du jeu ») accentuent une sensation de déshumanisation. Mais que reste-t-il vraiment « entre nos mains » ?
Quant au XXIIème siècle…eh bien… la vision de Terry Gilliam n’est pas bien rassurante…
Quoi qu’il en soit, le travail, en tant que sujet de cinéma, est souvent une façon juste, percutante, esthétique (« Dernier maquis ») de résumer les tensions de la société entière dans ces huis clos que sont le bureau, l’atelier ou l’usine...