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pionniers

Les pionniers du nouveau monde

Glénat,17 tomes

De J.-F. Charles

 

La longue et fabuleuse série historique de Jean-François Charles, puis Maryse Charles et Ersel, fait partie de la culture bédéphile. Je crois que sa lecture nourrit une pédagogie de la BD tant au point de vue du dessin que du scénario et de la documentation.

 

Déjà, 17 tomes sur 27 ans (parution du tome 1 en 1982, du tome 17 en 2009) proposent une lecture évolutive de l’essence même d’une BD.

 

Cette série appartient aux sagas romantiques, une certaine vision de la conquête de l’Amérique du Nord. A travers l’histoire de chaque personnage, on ressent la liberté ambiante, la recherche d’idéal, la confiance dans l’avenir, l’espoir d’un monde meilleur. Pour cela, le continent américain offrait un territoire vierge capable d’assouvir les désirs d’aventuriers européens. L’intrigue s’insère donc naturellement dans l’ambiance de ce siècle des Lumières.

 

On peut dire que le premier cycle s’arrête après le tome 6, quand Charles cède le dessin à Ersel. La série débute au milieu du XVIIIe siècle pendant la guerre de sept ans. La France et l’Angleterre s’affrontent en Amérique du Nord pour la Nouvelle-France. A travers le personnage de Benjamin Graindal, on assiste à la naissance du Canada, mais aussi aux effroyables batailles entre français, anglais et tribus amérindiennes alliées. En parallèle, la guerre commerciale pour les fourrures fait rage entre les comptoirs français et anglais. Les personnages y sont très attachants et l’histoire nous tient en haleine quand l’un d’eux prend part à une bataille ou court un danger. L’approximation du trait souligne le désordre ambiant de cette époque, ainsi que le contraste des couleurs qui ajoute à la violence de ces années. Ce premier cycle nous emplit d’émotion et n’en néglige pas moins l’aspect documentaire recherché.

Par contre, le second cycle n’est pas de la même veine. Du tome 7 au 17, de 1994 à 2009, Maryse Charles et Ersel viennent en renfort pour le scénario et le dessin. Si celui-ci est plus précis, l’histoire s’essouffle quelques peu, surtout après les tomes 12 et 13. Les personnages sont tout autant attachants et montrent l’extrême rudesse et l’insécurité de la vie de l’époque, mais l’intrigue se délite. Notre attachement aux personnages maintient le désir de poursuivre, mais la déception arrive à son comble au tome 17 (2009). Le dessin a tellement évolué qu’on a l’impression de ne plus avoir les mêmes visages. L’histoire devient longue et sans rebondissement. Le pire est que la saga devrait continuer puisque le tome s’achève sur une ouverture.

 

Si vous voulez un bon conseil : lisez les tomes les uns à la suite des autres, sinon, vous n’allez plus vous y retrouver ! D’ailleurs, pour simplifier la recherche des volumes, Glénat a sorti pour ses 40 ans une intégrale. Celle-ci devrait être bientôt complétée par le tome 18 ! Dommage que cette série ne s’est pas achevée plus tôt ... 

 

Claire Lafon

 

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