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Le bel album « Dis-moi » de May Angeli a fait l’objet d’une édition courante en 1999, dans un format carré, aux éditions du Sorbier où il est toujours disponible.

Mais le texte, écrit et illustré par son auteur, a donné lieu également à la réalisation d’un livre d’artiste : un tirage, limité à 18 exemplaires, de 12 bois gravés originaux accompagnés d’un texte (composé à la main en caractère "romain du Roi" par l’Imprimerie Nationale) dans un magnifique coffret conçu et réalisé à l’unité par Yuki Sakuraï et Pascal François.

Le prétexte en est la fondation légendaire de l’antique cité de Carthage par la princesse phénicienne Elissa (plus connue sous le nom de Didon) au IXième siècle avant J.-C.
Fuyant Tyr où son frère Pygmalion au pouvoir fait régner la terreur, elle ère sur la Méditerranée à la recherche d’un lieu idéal pour implanter Kart-Hadasht (une «ville nouvelle» en phénicien). Elle s’arrêtera sur les côtes d’Afrique du Nord, négociant un bout de terre au chef de tribu berbère Hiarbas en face de Boukornine, la «montagne à deux cornes».
Pourquoi s’est-elle précisément arrêtée ici, et pas ailleurs ? Au large de Tunis cette question occupe, 29 siècles plus tard, un jeune enfant qui accompagne sa mère à la pêche sur une petite barque à moteur. Il tente d’imaginer les raisons qui conduisirent Didon à adopter ce paysage pour lui si familier. Si les planches 1 et 11 nous montrent la mère et le gamin au travail, toutes les autres déclinent le même paysage (la baie de Carthage), mais sous 10 atmosphères différentes.

Les bois gravés de May Angeli font merveille : livrés ici dans leurs couleurs, leur grain et leur splendeur d’origine (ah ! le beau papier BFK Rives...), ils restituent la séduction du site sous l’orage, le soleil, la brume, de nuit ou au soleil couchant. Et à chaque planche la magie opère : quelle que soit l’ambiance, la baie impose sa beauté nue hiératique et sereine comme une promesse d’Eden isolée sur cette terre.

may2Regardez ces vues puis fermez les yeux : vous voilà initié au secret de l’harmonie d’un monde, étourdi par la fulgurance brutale et impitoyable de ce Midi et aveuglé par l’évidence de cette présence.

 

[Pour une autre vision du même thème, voir les deux fabuleux tableaux de Turner : «Didon construisant Carthage, ou l’ascension de l’empire carthaginois», et son pendant «le déclin de l’empire carthaginois», que le peintre livra en 1815 et 1817 comme un défi tardif lancé à Claude Lorrain. Ils étaient, pour les curieux (ou les chanceux ?), visibles jusqu’au 24 mai 2010 à l’exposition «Turner et ses peintres» aux galeries nationales du Grand Palais à Paris].

 

Denis LLAVORI

 

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