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inoue

Le Fusil de chasse

Stock, 1982. - (Bibliothèque cosmopolite)

De Yasushi Inoué.

 

Un matin, Alain Finkielkraut intervenait sur France Inter au sujet des livres de sa bibliothèque. Il a également une actualité littéraire puisqu'il vient de faire paraître un livre sur l'amour de la littérature : «un coeur intelligent : lectures» chez Stock/Flammarion. Pourquoi Alain Finkielkraut ? Et quel rapport avec Le livre de Yasushi Inoué ?

 

Parce qu'Alain Finkielkraut nous parle au détour de son interview d'Iris Murdoch qu'il vient de découvrir. Il a lu en particulier : «Les Soldats et les nonnes» et il ajoute : «je suis bien incapable d'analyser ce livre car je ne l'ai lu qu'une fois, donc je ne l'ai pas lu». Là, devant cette affirmation, je me suis demandé qu'est-ce qu'une vraie lecture face aux flots de livres que nous proposent les éditeurs. Est-il nécessaire de lire énormément de livres pour être nourri ? Faut-il donc lire et relire les livres que nous choisissons pour s'en imprégner totalement. Chacun a ses titres préférés et il faut être séduit à la première lecture pour avoir envie de les relire.

 

Je suis très attachée au «fusil de chasse» de Yasushi Inoué que je lis et relis depuis longtemps et à chaque lecture, je découvre le texte autrement. Pourtant l'histoire est banale : le mari, la femme, la maîtresse et la fille de celle-ci, mais l'écriture est enchanteresse. Roman épistolaire de 91 pages, très court, au style tout en finesse. La brièveté du texte n'empêche pas la densité de chaque phrase où notre sensibilité est éprouvée. L'homme au fusil de chasse reçoit trois lettres et nous les donne à lire. On se fait une idée de l'homme à travers ces trois lettres : celle de la fille de la maîtresse, de l'épouse et de l'amante. Les sentiments de ces trois femmes sont décortiqués et nous étreignent.

 

La question essentielle que nous pose ce roman est : vaut- il mieux «Aimer ou être aimé ?» C'est là que la relecture est intéressante à mon sens parce que la réponse n'est pas toujours la même selon notre maturité. Cette phrase nous amène à nous interroger profondément sur le bonheur d'aimer ou d'être aimé comme l'a fait tout au long de sa vie Saiko, l'amante : «...la femme qui peut prétendre avoir pleinement goûté le bonheur d'être aimée et la femme qui peut affirmer avoir aimé, si malheureuse qu'elle ait vécu, à laquelle Dieu accorde t-il le repos véritable, la paix éternelle ?...». Et la lecture recommencée de ce livre nous apporte une vraie réflexion sur le rapport homme/femme, les liens amoureux, les liens du couple et aussi la solitude de chacun.

  

Françoise Amagat

 

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